
Le temoignage de Maya
Maya est une merveilleuse maman courage qui aujourd'hui nous livre un témoignage poignant sur la maltraitance des bébés et le calvaire qu'a vécu son petit bout Erwan :
Je suis Maya, je suis maman, et je suis malade.
Ma maladie est la dépression. Elle est venue voler ma joie de vivre le jour où l’on m’a annoncé que
mon petit garçon âgé de 6 mois et demi à l’époque n’allait pas passer la nuit. C’était le 14 septembre
2017.
Avril 2018, « je prends la plume » et viens vous témoigner notre histoire, qui n’est malheureusement
pas une histoire isolée.
Erwan, mon petit guerrier, imaginez-le ainsi : un blondinet à boucles d’or avec de beaux yeux bleus et
une combativité exceptionnelle. Un super-héros en couche culotte.
Ma grossesse était plus que désirée, et pour tout vous dire elle était presque inespérée. Etre
enceinte ne serait pas difficile d’après les médecins, mais mener une grossesse à terme le serait. A 22
ans, on m’a trouvé des cellules cancéreuses sur le col de l’utérus, on m’a donc retiré une partie du col
afin de limiter la casse.
5 années plus tard, je rencontre l’homme de ma vie (enfin !) à l’opposé de ce que je m’étais toujours
imaginée mais parfait pour me combler. Cette même année, j’apprends que je suis guérie,
totalement, parfait. Le projet bébé vient vite prendre place dans notre vie quant aux difficultés que
nous devions rencontrer, et seulement 3 semaines après l’arrêt de la pilule, un tout petit être est
venu prendre place dans mon bidon.
J’ai choisi de ne pas avoir peur, ou tout du moins de ne pas le montrer. Je savais que les fausses
couches tardives étaient le plus gros risque que nous encourions mon tout petit et moi. J’ai dû
arrêter très tôt de travailler, rester au repos souvent, et passer le dernier trimestre de ma grossesse
allongée le plus possible. Mais ce n’était pas grave, j’avais au bout de ce chemin la plus belle
rencontre à effectuer, et seulement ça comptait. Mon plus petit et aussi mon plus grand amour, mon
fils.
Cette grossesse s’est très bien déroulée, pied de nez à la vie et à la médecine, à 40sa j’ai mis au
monde le plus bel amour de toute ma vie.
Mon petit garçon a très rapidement montré des signes de gènes, de douleurs, il pleurait
énormément et mangeait tout autant. Nous avons enchainé rendez-vous sur rendez-vous avec des
médecins et pédiatres qui ne nous écoutaient pas, nous disaient que nous étions inexpérimentés, de
jeunes parents… Il aura fallu un rendez-vous où j’étais désespérée d’être impuissante face à ce tout
petit être qui comptait sur moi, pour qu’un pédiatre m’écoute enfin et pose le bon diagnostic : reflux
gastro œsophagiens internes et œsophagite aigüe. Traitement journalier pour l’apaiser au maximum,
mais cela ne règla pas le problème. Tout parent qui a vécu cela avec son bébé comprendra comme
c’est difficile à vivre. Nos bébés pleurent énormément de douleurs, jours et nuits, semaines après
semaines. Je pensais pouvoir profiter pleinement de ma maternité avant de reprendre le travail, mais
je dois avouer qu’elle fut moralement très difficile les premiers mois. Cela n’empêche en rien d’aimer
éperdument son enfant que d’assumer et oser dire que c’est extrêmement difficile parfois, qu’on a
besoin de souffler et de confier notre bébé pour se reposer ou tout simplement décompresser.
Ce fut ma plus grande chance, pouvoir extérioriser, échanger avec d’autres mamans au sein de la
communauté Instagram notamment, et beaucoup avec ma propre maman. Une maman fantastique
qui ne m’avait jamais menti sur la maternité, ce n’est pas que du bonheur, c’est énormément
d’amour et beaucoup de tracas. Nous ne savions pas encore que le pire nous attendait.
Presque 6 mois auprès de mon bébé, il était temps de reprendre le chemin du travail, je ne pensais
ne pas pouvoir faire autrement à l’époque. J’avais déjà pris les devants durant ma grossesse de
trouver une « nounou » pour mon bébé. J’estimer qu’il aurait bien le temps d’être en collectivité une
fois entré à l’école, et qu’une autre femme que moi allait pouvoir prendre soin de lui et le câliner
durant mon absence. C’est ainsi que naïvement je m’étais préparée à laisser mon bébé. Et pour
mieux faire encore, j’ai choisi quelqu’un que je connaissais, assistante maternelle agréée, je ne l’ai
pas recruté comme je l’aurais fait avec une inconnue, je l’ai vu douce avec moi durant ma grossesse,
heureuse de savoir qu’elle garderait notre bébé et cela m’a suffi pour être en pleine confiance, elle
serait une tata dans la vie de mon fils, et je pourrai reprendre le travail plus sereinement.
Je lui ai dit de nombreuses fois comme j’étais heureuse que ce soit ELLE qui garde mon précieux
amour, que je me sentais beaucoup mieux au travail le sachant avec elle… Elle savait que mon fils
était un bébé qui aimait énormément les bras et qui pleurait beaucoup. Je lui avais dit de ne pas
hésiter à le laisser pleurer un peu dans son lit au besoin, je le faisais à la maison et qu’en quelques
minutes il se calmait, et que si ce n’était pas le cas qu’elle le reprenne et tente de nouveau plus tard.
Des conseils d’une maman expérimentée en bébé « RGO » qui avait donné des habitudes à son petit
garçon et ne l’avait peut-être pas assez préparé à être loin d’elle.
Erwan a changé directement dès le commencement de la garde, lui qui se réveillait une dizaine de
fois chaque nuit et ne faisait pas de sieste, juste 20 minutes par ci par là, commença à faire des nuits
presque complètes. Nounou nous avait même fait part du fait qu’il dormait parfois entre 2 et 3
heures chez elle. J’ai pensé, comme le reste de ma famille, qu’il devait s’y sentir bien, que c’était
juste un petit coquin qui voulait passer plus de temps avec ses parents en ne dormant pas à la
maison. Quelle idiote ! C’est après que j’ai appris par une pédopsychiatre que lorsqu’un bébé vit des
traumatismes, il se réfugie dans le sommeil. Vous le saviez vous ? Nous pas. Nous étions à mille lieux
d’imaginer ce qu’il avait subi.
La garde n’aura duré qu’une dizaine de jours. Je suis allée le récupérer un vendredi soir et cela m’a
permis de constater dans quelle détresse émotionnelle se trouvait Nounou. D’ordinaire, c’est mon
mari, avec des horaires plus souples que les miens, qui conduisait et récupérait Erwan, et d’après lui
tout se passait bien. Ah ces hommes ! Ils n’ont décidément pas de décodeurs à signaux d’alarmes.
Nous avons donc échangé elle et moi durant 45 minutes, avec une vingtaine d’années d’expérience
pour elle, elle m’a inquiété. J’ai relu plus tard ce que j’avais posté sur Instagram ce jour-là, en me
disant que c’était pourtant clair, mais ni moi, ni ma communauté n’aurions pu penser à cela… Nous
nous sommes tous dit que les choses allaient se mettre en place, que l’adaptation ne se faisait pas
toujours facilement. Peut-être que le mal était déjà fait à cet instant, je ne le sais pas aujourd’hui et
ne le saurais peut-être jamais. D’après elle, Erwan était donc un « sacré coquin » pour être tout le
temps dans les bras, qu’il était « épuisant », que « rien n’allait jamais » et qu’il pleurait tellement fort
« qu’ils ne s’entendaient plus parler », et qu’il « effrayait » la petite fille dont elle avait également la
garde. Elle était exténuée, et la veille pour l’anniversaire de son mari, elle s’était couchée à 20h
épuisée par mon fils.
Je fus dès lors très inquiète, naïvement à aucun moment concernant la sécurité de mon fils, mais sur
le fait qu’elle puisse rapidement rompre le contrat et que nous nous retrouvions sans mode de
garde. Finalement je l’ai rompu à la suite, car j’ai su ce qu’avait eu mon garçon et que son état de
santé nécessiterait que je reste à ses côtés.
Vous devez vous dire en me lisant mais qu’a-t- il eu ? Comment l’ont-ils su ? Quels ont été les
symptômes ? J’y viens.
A la suite de cet échange avec Nounou, Erwan était « bizarre » tout le week-end, pas lui-même,
beaucoup moins vif, il souriait toujours autant mais tout était différent. Je pense que mon instinct
m’indiquait déjà le danger. Il a beaucoup moins mangé durant le week-end et le dimanche matin, il a
vomi son biberon du réveil en jet. Un jet prononcé, comme le ferait un enfant bien plus âgé. Nous
avons pensé à un début de gastro, et pourtant aucun autre symptôme n’est venu s’ajouter à ce jet,
seulement un bébé beaucoup moins dynamique. Le lundi matin, même constat, le biberon ne passait
pas, j’ai prévenu Nounou, Papa allait le garder à la maison et l’emmener chez le médecin. Un simple
virus comme diagnostic, doliprane et vogalène. Le mardi matin, il semblait beaucoup mieux, nous
l’avons donc déposé chez Nounou, et je suis partie travailler à 180 kilomètres de lui. Au déjeuner, j’ai
reçu de la part de Nounou une photo de mon fils couché, une photo qui m’a inquiété, il était blanc
comme un lange dans sa gigoteuse. Plus tard, la Brigade des Mineurs me dira qu’entre un bébé mort
et lui sur la photo, on ne fait pas la différence…
Ce jour-là, je suis rentrée plus tôt que prévu, j’ai vu mon bébé dans les bras de son père qui m’avait
informé par téléphone qu’il n’allait vraiment pas bien, pire que les jours précédents. Je l’ai vu et je
m’en suis beaucoup voulu d’être partie travailler loin de lui en le voyant aussi pâle et mal. Il a de
nouveau vomi en jet, plusieurs fois, sans repas. Par téléphone, les urgences pédiatriques m’ont dit de
le surveiller et de ne pas venir, nous n’avons pas dormi et nous nous sommes relayés car il gémissait
sans réussir à dormir plus de 20 minutes consécutives. Vers 5h du matin, je l’ai pris avec moi pour me
rendre aux urgences, je n’en pouvais plus de le voir ainsi et ne rien pouvoir faire. Ils lui ont fait
quelques tests, et tout leur semblait correct, « rentrez chez vous Madame, c’est un simple virus, ne
vous inquiétez pas ! ». J’ai demandé une attestation à fournir à mon employeur pour utiliser mes
congés enfant malade, et finalement je ne suis plus jamais retournée au travail.
La journée du mercredi s’est déroulée dans la continuité de la nuit précédente, il n’arrivait pas à
manger, vomissait et gémissait sans pouvoir dormir réellement. Il était en somnolence continue, et
pourtant les urgences nous ont à nouveau dit de rester chez nous et continuer de le surveiller, ça
allait vite aller mieux. Ma famille, qui avec plus de recul devait davantage sentir le danger, nous a dit
de prendre d’autres avis médicaux. J’ai tenté de joindre par téléphone le pédiatre qui avait trouvé le
bon diagnostic concernant les RGO, en vain. Nous avons appelé de nouveau les urgences, qui nous
ont renvoyé vers notre médecin traitant avec qui nous avions un rendez-vous le jeudi à 15h.
Heureusement, nous n’avons pas attendu ce rendez-vous pour agir sinon mon récit serait encore plus
triste, Erwan ne serait plus parmi nous.
Dans la matinée du jeudi, 30h après mon premier passage aux urgences pédiatriques, Erwan n’allait
pas mieux, il somnolait toujours autant, nous étions tous deux rester à la maison auprès de lui car
nous étions inquiets et voulions aller ensemble chez le médecin l’après-midi même. Erwan est revenu
à lui, plus dynamique et nous étions ravis son papa et moi, puis brutalement, son œil gauche est
rentré vers l’intérieur, il était bloqué ainsi et nous avons été pris de panique. Le pédiatre a
directement décroché, je lui ai raconté les derniers jours et surtout les 30 dernières heures passées, il
est resté très calme et m’a dit de retourner aux urgences directement, en disant que nous venions de
sa part. C’était le jeudi 14 septembre 2017, le jour qui a changé nos vies à jamais.
Hypertension intracrânienne, collection d’hématomes cérébraux, hémorragie fond d’œil, sa
fontanelle gonflait, son cerveau manquait de place dans sa boîte crânienne, ses yeux se croisaient et
il n’était presque plus conscient. On nous a emmené en salle de déchoquage, puis les mots les plus
difficiles à entendre de toute ma vie ont été prononcés, il fallait l’opérer en urgence car il n’allait pas
passer la nuit. Nous entendions sans vraiment comprendre, ma maman nous avait rejoint dès qu’elle
avait eu connaissance des directives du pédiatre, heureusement qu’elle était à nos côtés, nous avions
plus que jamais besoin de soutien et de sang froid pour garder le contrôle.
Le diagnostic nous a vite été donné : notre fils avait été victime de maltraitance, syndrome du bébé
secoué. Les questions ont commencé à fuser, et nous avons vite compris également que nous étions
suspectés. L’horreur ne faisait que commencer. Qui ? Quand ? Pourquoi ? Tant de questions
auxquelles il nous faudrait s’armer de patience pour avoir des réponses.
J’ai beaucoup de rancœur envers le personnel médical qui aurait dû réaliser les bons examens dès le
début, se poser les bonnes questions dès la première venue aux urgences. En parallèle, les progrès
de la médecine et la rapidité avec laquelle nous, parents, l’avons pris en charge dès les premiers
symptômes l’ont fait passer cette fameuse nuit, puis toutes les autres. Une dérivation interne a été
installée de sa boîte crânienne jusqu’à son péritoine afin d’évacuer les hématomes et lui sauver la
vie. Nous ne savions pas encore si il devrait la garder toute sa vie ou non. Nos vies à tous avaient déjà
basculées dans l’horreur, le cauchemar du syndrome du bébé secoué et de toutes ses conséquences.
Il avait perdu son sourire, une partie de l’audition et la mobilité d’un oeil, mais il était vivant, nous
avions l’essentiel pour affronter chacune des épreuves qui nous attendaient.
Nous avons passé chaque journée de rétablissement à ses côtés à l’hôpital, et avons vu chaque chose
rentrer dans l’ordre une à une. Notre bébé avait récupéré toutes ses fonctions contre toute attente.
Nous attendions tristement que le document arrive du tribunal. Nous le savions, ce document allait
nous éloigner de notre bébé pour une durée indéterminée. Pour sa protection immédiate, le CHU
avait effectué un signalement auprès du Procureur de la République qui souhaitait le placer, avec une
ordonnance de placement provisoire, en attendant que l’enquête avance. Ce sentiment
d’impuissance me hantera toute ma vie, je le sais. N’avoir pas pu protéger mon enfant de ce drame
me procure déjà une immense tristesse et avoir les pieds et poings liés face au système français ne
fait que l’augmenter, de la tristesse, de la colère et du dégoût.
C’est ainsi que le document a été faxé au CHU afin de placer notre enfant au sein d’une pouponnière,
la veille de son septième mois. Cela peut paraître inconcevable mais j’étais soulagée, soulagée
d’avoir réussi à lui épargner une famille d’accueil pour une durée indéterminée. Deux femmes sont
venues à l’hôpital se présenter à nous, elles appartenaient à l’Aide Sociale à l’Enfance et elles
venaient prendre mon petit de mes bras pour l’emmener avec elles. Une mère ne peut jamais oublier
cet instant, je ne l’oublierai jamais c’est certain. Il n’est pas nécessaire que je détaille les sentiments
qui ont pris part en moi en regardant mon fils, ma chair, mon sang, s’éloigner de moi accompagné
d’inconnues...
Nous avons pris un avocat, au-delà de nos possibilités financières, nous devons beaucoup à notre
famille, entre autre pour ça. Cet avocat nous a permis de repartir de l’audience devant le Juge des
Enfants avec de nombreuses larmes, des larmes de joie, des larmes de soulagement, des larmes
d’amour. Nous pouvions aller chercher notre bébé et le ramener à la maison, certainement l’un des
plus beaux jours de ma vie.
Nous avons récupéré notre enfant après deux longues semaines de placement, à voir un lit vide
chaque soir, au sein d’une maison qui n’avait plus été aussi calme et silencieuse depuis des mois. Le
silence, c’est le plus dur. Sentir au fond de soi qu’il a besoin de nous, qu’il doit certainement être en
train de pleurer, ayant besoin des bras de ses parents pour le réconforter, le bercer, le chérir et lui
dire que tout ira bien. Mais on nous a retiré ce droit, ce devoir de présence et d’amour, et deux
semaines à l’échelle de vie d’un nourrisson, c’est une éternité. Nous devions s’estimer heureux, nous
avait-on dit, car nous avions la possibilité de le voir 1h30 par jour... Dérisoire, insuffisant, chaque au
revoir était déchirant, mais il fallait prendre sur nous, pour lui, lui épargner notre peine afin de ne pas
le traumatiser davantage. C’était la toute première fois que j’étais séparée de mon bébé plus de 48h
depuis sa naissance, j’aurais aimé que ce soit par choix et non par obligation, d’autant plus dans ce
contexte.
Il fallait défendre nos droits et surtout comprendre ce qui lui était arrivé, ce qui avait conduit notre
fils à frôler la mort et à compromettre son avenir. Nous n’avons pas attendu que la police vienne à
nous, juste après son opération nous sommes allés porter plainte, une plainte qu’ils n’ont jamais
voulu enregistrer en nous disant que nous étions des suspects qui se présentaient à eux. Incroyable !
J’ai été auditionnée durant quatre heures, ils n’avaient même pas de dossier puisque le parquet
n’était pas encore au courant à ce moment, une audition à l’aveugle et pourtant une audition
destructrice. J’en suis ressortie anéantie en ayant compris que je n’obtiendrai pas d’aide de leur part
pour venger mon enfant. Je ne souhaitais qu’une chose, punir le coupable de cet acte immonde et
lâche, de s’en être pris à un être sans défense, plutôt que calmer ses nerfs autrement, en faisant
comme je l’avais fait durant des mois, en pleurant, en prenant sur moi, en demandant de l’aide
quand j’en avais ressenti le besoin. Il a fallu beaucoup de force à partir de cet instant pour ne pas
céder à nos pulsions premières et faire vengeance nous-mêmes, c’était le cas pour tous nos proches
d’ailleurs. Et il a fallu également des anxiolytiques et des antidépresseurs pour tenir debout et
maintenir le cap face à tout ce qui nous attendait.
Plusieurs mois sont passés depuis, les services sociaux viennent à notre domicile une fois par
semaine, en attendant une nouvelle audience, en attendant que sa garde soit définitive. Nous
rencontrons divers psychologues et membres du corps médical pour nous accompagner, notre fils va
beaucoup mieux grâce à sa bonne étoile et tout l’amour qu’il reçoit depuis toujours. Il y a plusieurs
semaines, il a à nouveau été opéré, mais cette fois pour le retrait définitif de sa dérivation interne et
il peut commencer une vie « normale » de petit garçon. Une vie qui à jamais sera marquée par ce
drame, un petit garçon qui attirera toujours une attention particulière quant à son développement.
Les séquelles ne peuvent pas être prédites, il faudra attendre son développement et constater au fur
et à mesure. Par chance, il se porte très bien et 7 mois après avoir frôlé la mort, il n’y a aucune
séquelle neurologique à déplorer.
Nous attendons toujours que l’enquête avance, avec une garde à vue en suspend comme c’est le cas
dans ce genre d’affaires, trop nombreuses malheureusement.
Je ne travaille plus temporairement, j’ai mis ma carrière entre parenthèses afin de m’occuper moi-
même de mon enfant et ne plus prendre de risques en le confiant. Je suis traumatisée bien
évidemment, et je dois réapprendre à vivre, à ne pas trop étouffer cet enfant qui grandit et a besoin
de mener sa petite vie d’enfant, comme n’importe lequel d’entre eux.
Nous reconstruisons nos liens familiaux après s’être enfermés dans notre bulle d’amour, nous avons
hâte que tout ça soit derrière nous et reste un souvenir, un souvenir amère mais un souvenir, en se
concentrant sur notre avenir.
Qui est le coupable de maltraitance envers notre bébé ? A ce jour, nous n’avons toujours pas de
réponse et nous ne pouvons pas nous permettre d’accuser sans preuve et sans aveux. La seule chose
qui est sûre, c’est que ni son papa, ni moi, n’avons commis ce geste et que nous n’avons plus jamais
eu de nouvelles de sa « Nounou ». Ce fameux 14 septembre 2017, je l’ai tenu informée, je lui ai dit
qu’il s’agissait vraisemblablement de maltraitance et qu’une enquête serait menée. Elle n’a plus
donné de nouvelles, ne sait même pas inquiétée de l’état de santé de notre bébé. Erwan était au
contact d’autres adultes à son domicile, n’importe lequel d’entre eux peut être à l’origine des
secouements. Tirez-en les conclusions que vous souhaitez mais j’espère que la Brigade des Mineurs
et le Procureur en tireront les mêmes.
Nous espérons plus que tout obtenir des aveux afin de traîner en justice cette personne et la faire
souffrir autant qu’elle a fait souffrir notre famille. Les envies de vengeance et de meurtre, qui sont
tabou bien sûr, mais qui sont bien présentes, ont laissé place à des envies de justice. Je préfère savoir
le coupable en vie et torturé d’esprit, afin de nous assurer la plus belle des vengeances. La roue
tourne, toujours, et si on fait du mal, le mal revient à nous, j’en suis convaincue.
Cette histoire qui est la nôtre nous a fait comprendre beaucoup de choses et nous recentrer sur
l’essentiel pour être heureux : l’amour et la famille. J’ai une tendre pensée pour toutes ces autres
familles victimes du syndrome du bébé secoué et de toutes ses conséquences collatérales qui
détruisent des vies.
Nous avons eu la chance de rencontrer durant cette triste période Véronique et Nicolas, les
fondateurs de l’Association Tatiana (aide, soutien et prévention au syndrome du bébé secoué). Une
association constituée de parents non coupables pour laquelle je suis bénévole maintenant, afin
qu’ensemble nous effectuions un maximum de prévention en informant et alertant des lourdes
conséquences de cet acte de quelques secondes irrémédiables, qui tue beaucoup d’enfants, en
handicape lourdement d’autres et brise des vies dans tous les cas.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Pour Erwan et toutes les autres victimes du Syndrome
du Bébé Secoué, je participe à la Course des Héros le 17 juin 2018 au Parc Saint Cloud à Paris, aux
côtés des autres membres de l’Association Tatiana.
Nous avons besoin de votre mobilisation pour faire évoluer les choses en France, davantage de
prévention et des peines pénales plus élevées.
Merci du fond du cœur.
Bien à vous, Maya.